La justification de Machiavel semble exiger, pour être complète,
une histoire suivie et circonstanciée des persécutions diverses auxquelles
sa mémoire fut en butte. Ce travail nous est trop facile pour que nous soyons excusables de nous en dispenser. Les matériaux
s’en présentent à nous dans les notes de l’éloge que le chevalier florentin J. B. Baldelli a fait de ce grand homme d’État, et qu’on lit en
tête des dernières éditions italiennes de ses ouvrages. En mettant en
œuvre ces matériaux, suivant l’ordre chronologique, nous serons,
obligés de répéter quelques-uns des faits dont nous avons déjà parlé,
mais ce ne sera pas sans qu’ils aient pour nos lecteurs un nouvel intérêt ; et l’indulgence dont nous.pourrions avoir besoin pour ces redites,
nous sera d’autant plus volontiers accordée, que nous allons presque-nous
borner à traduire les notes de Baldelli.
Le plus ancien et le premier de tous ceux qui attaquèrent les écrits. de Machiavel, fut, comme nous l’avons dit, ce cardinal Renaud Polus. dont nous avons déjà fait connoître les ressentimens personnels contre Henri VIII. Il fut particulièrement déterminé à écrire contre le Livre du Prince, par l’indignation dont l’enflammoient les louanges que prodiguoit à cet ouvrage, le ministre favori de ce monarque, le même Thomas Cromwel, qui étoit regardé comme le promoteur des changemens. religieux par lesquels l’Angleterre venoit d’être séparée de l’Eglise ro-