Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

œufs de paon qui aujourd'hui ne valent pas même un bas prix, mais qui ne se vendent d'aucune façon, se soient vendus cinq deniers. Ce même Hortensius était dans l'usage d'arroser ses platanes avec du vin, puisque nous savons que, dans une action judiciaire qu'il eut à soutenir contre Cicéron, il le supplia instamment d'échanger avec lui le jour où il aurait à parler; parce qu'il fallait qu'il allât lui-même, ce jour-là, arroser avec du vin des platanes qu'il avait plantés à Tusculum. Mais peut-être Hortensius, efféminé de profession, ne suffit-il point pour caractériser son siècle, lui qui faisait consister toute la beauté d'un homme dans la manière de se ceindre; il soignait sont vêtement jusqu'à la recherche; il se servait d'un miroir pour se bien vêtir, et avec cet instrument il se mettait la robe de façon que les plis ne se formaient point au hasard, mais qu'ils étaient disposés avec art au moyen d'un nœud, de manière que le pan de la robe se déroulait régulièrement à ses côtés. Marchant un jour ainsi artistement vêtu, un de ses collègues, qui le rencontra dans un lieu étroit; détruisit par hasard l'économie de son vêtement: Hortensius l'assigna en réparation, et lui fit grief capital d'avoir dérangé sur lui un pli de sa robe. Passant donc sous silence Hortensius, venons-en à ces hommes qui ont obtenu les honneurs du triomphe. Le luxe a vaincu ces vainqueurs des nations. Je ne parlerai point de Gurgès, ainsi surnommé pour avoir dévoré son patrimoine, puisqu'il compensa postérieurement, par d'insignes vertus, les vices de son premier âge. Mais dans quel abîme de luxe et d'orgueil une prospérité soutenue ne précipita-t-elle pas Métellus Pius.

Sans m'étendre davantage sur son compte, je transcris ici un passage de Salluste à son sujet.

Ac Metellus in ulteriorem Hispaniam post annum regressus magna gloria, concurrentibus undique virile et muliebre secus, per vias et tecta omnium visebitur. Eum quaestor C. Urbinus aliique cognita voluntate cum ad coenam invitaverunt, ultra Romanum ac mortalium etiam morem curabant exornatis aedibus per aulaea et insignia scenisque ad ostentationem histrionum fabricatis. Simul croco sparsa humus et alia in modum templi celeberrimi. Praeterea tum sedenti in transenna demissum Victoriae simulachrum cum machinato strepitu tonitruum coronam ei inponebat, tum venienti ture quasi deo supplicabatur. Toga picta plerumque amiculo erat accumbenti, epulae vero quaesitissimae, neque per omnem modo provinciam sed trans maria, ex Mauritania volucrum et ferarum incognita antea plura genera. Quis rebus aliquantam partem gloriae dempserat, maximeque apud veteres et sanctos viros superba illa gravia indigna Romano imperio aestimantes

« Métellus étant revenu au bout d'un an dans l'Espagne ultérieure, se montrait sur les routes et dans les lieux où il logeait, avec beaucoup de pompe, et un grand concours de personnes de l'un et de l'autre sexe. Le préteur C. Urbinus, et d'autres personnes instruites de ses inclinations, lui donnèrent un repas, où ils le traitèrent avec une pompe non pas romaine, mais surhumaine. Les salles du festin étaient ornées de tentures et de trophées, et entourées de théâtres élevés pour des représentations scéniques; le pavé était couvert de safran et d'autres parfums, à la façon des temples les plus augustes. Tantôt la statue de la Victoire, s'abaissant au moyen d'une poulie, venait lui poser sur son siège une couronne sur la tête, tandis que d'autres machines imitaient le bruit du tonnerre; tantôt on venait, en faisant fumer l'encens, lui adresser des supplications, comme à un dieu. Il était couché, revêtu de la toge peinte, avec un amiculus par-dessus. Les mets étaient des plus exquis. C'étaient plusieurs espèces de bêtes fauves et d'oiseaux inconnues jusque-là et venues non seulement de tous les points de la province, mais même de la Mauritanie; au delà de la mer. Ces circonstances lui avaient fait perdre une portion de sa gloire, surtout aux yeux des hommes âgés et vertueux, qui regardaient ce faste comme un tort grave, et indigne de la majesté romaine. »

Telles sont. les paroles de Salluste, ce sévère censeur du luxe d'autrui. Sachez que le luxe s'est aussi montré chez des personnages