Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/111

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Marigny sur Orbais ; là vit on les trompettes des Reistres sortir du village, et pensoit on qu’ilz revinssent à la charge, mais c’estoit pour capituler. Cela pensa esbranler tout ce qui poursuivoit la victoire, parce que ceux qui avoient chargé n’estoient suivis de la bataille que de bien loing. Pendant ceste halte, on l’interrogea qui l’avoit meu de prendre les armes ; respond : la Religion. On luy demande s’il ne vouloit pas changer ; respond qu’il quitteroit plustost sa vie ; s’il n’estoit point de ces politiques ; respond qu’il se voyoit prou, à son aage qu’il ne s’enquéroit pas de cela ; sy donq il estoit de ces malcontens ; se voyant pressé leur dit qu’à la vérité il estoit très-mal content de ce que chacun n’avoit pas ce qu’il devoit, mesmes les Reistres, et que peut estre les autres eussent esté en sa place très-malcontens aussy de ce que l’on les recevoit, après un tel acte, à composition, qui dévoient estre renvoyés avec un baston blanc, leur parlant tousjours touteffois avec respect tel qu’aucuns mesmes monstroient y prendre plaisir. Et ces propos luy estoient tenus la pluspart par messieurs les maréschaux de Biron[1] et de Rhetz[2] qui ne le congnoissoient point ny aucun d’eux. Pendant la capitulation avec les ditz Reistres, passa devant luy le fils du sr des Avelles duquel le père avoit esté gouverneur et depuis tiré hors du château de Sedan, (comme dessus), et depuis cestuy cy son fils avoit pris party avec M. de Guise. Il cognoissoit M. du Plessis, et l’avoit veu long-temps à Sedan, et luy

  1. Armand de Gontaut Biron, maréchal de Biron, né en 1524.
  2. Albert de Gondi, maréchal de Retz, né à Florence en 1522.