Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que M. du Plessis et moy en partismes pour aller en France, luy nommément en intention d’aller joindre l’armée de feu monseigneur le duc d’Alençon ; et pour luy ayder à passer plus facillement, je montay à cheval avec une de mes femmes, lessant le reste à Sedan qui me vindrent depuis trouver. Nostre premier couchée fut au Chesne le Pouilleux, près duquel lieu les Reistres du Roy estoient logés ; touteffois nous passasmes toute la Champaigne heureusement, sans aucune mauvaise rencontre, et parvinsmes à la Borde au Viconte, près Melun, chez mon frère aisné, d’où le lendemain je partis pour aller à Paris essayer d’avoir quelque passeport pour monsieur du Plessis soubs un autre nom que le sien, affin qu’il peust passer la rivière de Seine à Paris pour puis après aller trouver monseigneur le Duc qui estoit vers Moulins en Bourbonnois. Estant à Paris, par le moyen de noz amys, j’eus le passeport. Je présentay aussy à monsr Dareines, président en parlement et lors député[1] avec M. de Beauvais la Nocle pour noz Eglizes vers le Roy pour négotier la paix, une remonstrance que M. du Plessis avoit faitte contenant que l’on ne se debvoit point contenter, pour l’assurance de ceux de la religion, de l’apanage qu’on pourroit accorder à monseigneur le Duc, mais que l’on debvoit procurer d’avoir autres villes de seurté et lieux assignés pour les Presches[2], d’autant que mon-

  1. Deux Députés des Églises protestantes résidaient alors auprès du Roy, chargés de lui représenter les intérêts et de défendre les affaires des réformés dans la paix qu’on négociait. Cette institution fut confirmée par Henri IV, et devint permanente.
  2. En dehors de l’apanage du duc d’Alençon.