Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/133

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ger. L’amityé privée qu’il avoit avec les principaux lui aidoit beaucoup ; la confiance aussy que ceux qui gouvernoient prenoient de luy, jusques à luy demander conseil èz affaires de leur propre estat.

Pendant ce séjour, les affaires des Pays-Bas, qui avoient esté aucunement composez par un Edit de paix, vinrent à se retroubler par les menées[1] descouvertes de don Jehan d’Austria, qui fut cause que les provinces mesmes catholiques appellèrent le Prince d’Orange à leur secours et s’unirent avec celles de Hollande et Zéelande. Puis, pour se maintenir contre la puissance du Roy d’Hespaigne, se voulurent appuier de l’alliance et secours de la Royne d’Angleterre. En ceste négociation, se trouvant sur les lieux, il fut prié de s’employer par le Prince d’Orange et les Estatz, et non moins par la Royne d’Angleterre et son conseil, s’assurant les uns et les autres qu’il préféreroit le bien public de la vraie religion à toutes autres choses. Ses plus confidens amys estoient messire Francoys Walsingham[2] secrétaire d’Estat, et sir Philippes Sidney[3] filz du Viceroy d’Irlande, nepveu du conte de Lecestre, et depuis gendre du dit sr Walsingham, le plus accomply gentilhomme d’Angleterre, qui luy fit cest honneur, quel-

  1. Don Juan d’Autriche, fils naturel de Charles-Quint, avait succédé au duc d’Albe et à Requesens dans le gouvernement des Pays-Bas.
  2. Sir Francis Walsingham, né en 1536, ami de lord Burleigh, conseiller intime de la reine Elisabeth et longtemps ambassadeur en France.
  3. Sir Philippe Sidney, né en 1534, militaire, diplomate et écrivain, homme du monde et chrétien ; il fut le type des gentilshommes lettrés de l’Angleterre à cette époque. Il mourut en 1586, à la bataille de Zutphen.