Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/168

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quit fort de ce qu’il avoit fait avec le Roy, et comme il entendit qu’il avoit obtenu les places et qu’elles seroient entretenues aux dépens du Roy, demeura fort court, et luy donna par là un grand signe de sa mauvaise volonté, qui paraissoit en ses autres actions, ce qu’il remarqua fort au Roy de Navarre à son retour, combien que peu de jours auparavant il luy eust commandé de l’asseurer qu’ayant cest honneur d’estre son oncle, il estoit touteffois son serviteur, et le reconnoissoit pour chef de sa maison. Le Roy aussy enqueroit souvent pendant tout ce voyage, qui dura près de cinq mois, monsieur du Plessis de ce qu’il entendoit de ceux de Guise, des menées desquelz il luy donna de grandz avertissemens, et pour cest effect fut introduict quelquefois tout seul vers S. M., dont il se faschoit, craingnant de donner jalousie à monsr de Laval[1] ; cela n’empescha point qu’ilz ne contractassent une amityé très estroicte en ceste negotiation, telle que le Roy de Navarre la connoissant ne voulut point qu’on luy escrivit sa mort ; et de faict comme il la sceut, je l’en vis presque demeurer malade, et aujourd’huy, il continue aux siens le service affectionné qu’il luy avoit voué.

La mort de feu monseigneur le Duc engendroit

    Navarre, fut plus tard proclamé roi par la Ligue, sous le nom de Charles X. Il mourut à Fontenay, en 1590, à l’âge de 67 ans.

  1. Paul de Coligny, fils de M. d’Andelot, père de l’amiral, avait succédé à sa tante Guionie de Laval dans sa seigneurie ; il prit le nom de Guy XIX. Il était né le 11 août 1555, et mourut en 1586, en partie de chagrin de la mort de ses trois frères les sires de Tanlay, de Rieux et de Sailli ; les deux derniers avaient été tués en défendant Saintes.