Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/176

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sur[1] ce que tous ses amys l’en dissuadoient, il respliquoit que ceste place, toute mauvaise qu’elle estoit, estoit la liaison de Languedoc et Guienne qui, icelle prise, demeureroient sans communication, et partant méritoit en ceste considération que quelqu’un se perdist pour la sauver. Descouvrit au reste une entreprise pendant ce séjour sur Montauban, tramée par les srs du Claux et de Brésolles frères, nepveux de M. de Tarride, gouverneur de Montauban, qui avoient leur maison à une lieue de la ville, laquelle il vériffia par leurs propres lettres au duc de Maine, séneschal de Thoulouze et autres, qui avoit grande apparence de réussir sy Dieu n’y eust pourvu par ce moien, parce que le sr de Terride se fioit infiniment de ses nepveux. Ces choses luy avoient donné une grande créance, mais aussy une grand envie, et d’autant plus que tout le peuple avoit recours à luy. Sortant de Villemur, il passa en Gascoigne pour le secours de Leyrac, menacée de siège par le[2] maréchal de Mastignon et y mena du secours dedans ; puis, la crainte du siége passée, s’en vint à Nérac, ou je le vins trouver avec nostre famille, soubs un passeport de mon dit sr le mareschal, duquel je fus fort bien receue passant à Agen. Et ce fut sur le commencement de l’année 1587, environ lequel temps vint aussy M. de Turenne au mesme lieu, lequel il

  1. L’édition de M. Auguis porte, au contraire des deux manuscrits, « ne se pouvoit toutefois qu’il ne blâmast d’avoir un si mauvais vaisseau. Mais choisy sur ce que tous ses amys… »
  2. Charles Goyon de Matignon, né en 1525, avait servi sous Henri II et François II. Il épargna les protestants d’Alençon et de Saint-Lô lors de la Saint-Barthélemy. Il mourut en 1597.