Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/191

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estably en icelle pour y commander en qualité et estat de Lieutenant du Roy, le feu Roy protestant souvent que la considération de sa personne et du bon traictement qu’en recevroient ses subjectz n’estoit pas la moindre pour l’y faire condescendre. Les articles secretz de la tresve (car les autres sont connus,) furent que ceux de la Religion ne seroient plus inquietez par toute la France ; que, premier que la tresve expirast, S. M. leur rendroit la paix ; qu’en attendant, ils auroient le presche en l’armée du Roy de Navarre, au lieu où seroit sa personne, et en la place ordonnée pour son passage ; et parce qu’au commencement, il avoit été accordé que ce seroit le pont de Sée, et que le sr de Cossein, gouverneur, tergiversant, falut avoir recours à Saumur, fut dit qu’on ne prescheroit publiquement de quattre mois à Saumur, ce qui fut observé exactement par M. du Plessis, ne faisant prescher tout ce temps qu’en sa maison. Pour les autres provinces et villes fut dit qu’en chacun baillage le Roy de Navarre auroit une place pour l’exercise de la Religion, la réduisant à l’obéissance du Roy, pourvu qu’elle ne fust Evesché ou Chef de Bailliage. Pour les ministres des Provinces où ceux de la Religion avoient esté armez, fit trouver bon au Roy que leur entretenement fust continué à deux centz escus par an, chacun d’eux, et nomméement sur les décimes des généralitez d’icelles provinces, non sans grande opposition, et parce qu’il y avoit des rentes constituées là-dessus, fut ordonné que pour fournir à tous les deux effetz, on les lèveroit doubles. N’est croïable quelles traverses furent données de toutes partz à ceste négotiation, et elles