Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/201

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du Morier, lequel trouva le Roy à Diepe qui fust fort joyeux de ceste nouvelle ; il s’enquit fort des particularitez  ; ses mots furent : « Voilà un des plus grandz services que je pouvoy recevoir ; M. du Plessis fait les affaires bien seurement. » A la vérité, cela fut faict aussy en un temps qu’il estoit comme assiégé à Diepe, et ses plus affectionnez désespéroient, non de ses affaires seulement, mais de sa personne.

Il se trouve encor en ses papiers plusieurs mémoires des advis qu’il donnoit à S. M. sur son avènement à la couronne, des depesches qu’il avoit à faire dedans et dehors le royaume, etc. Je me ressouviens de deux pointz : l’un, que pour évister une déclaration que sans doute on luy voudroit faire au préjudice de la religion, il protestast ne vouloir penser à aucun affaire ny règlement que la mort du Roy ne fust vengée, et qu’il conviast à son exemple tous les bons Francoys de se croiser avec luy pour une sy juste vengeance  ; l’autre, que, pour éviter les depesches qui se feroient avec des termes mal convenables à la Religion qu’il tenoit, qui le scandaliseroient vers ceux de mesme profession tant dedans que dehors, il fist choix de l’un de ses secrétaires d’Estat anciens ausquel il commanderoit celles ausquelles il seroit question d’en parler ; et de faict, à faute de cela, plusieurs à ce commencement furent offensés qu’on eut pene à esclaircir.

Estant à Loudun, messieurs de la cour de Parlement de Tours le firent avertir par M. de Vallegran, conseiller, frère de M. de Belesbat, chancelier de Navarre, rapporteur en ce procès, qu’un certain cor-