Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/208

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main matin eut nouvelles que son bagage et de sa trouppe avoient esté pris par ceux de Vernon en son quartier qui estoit à trois lieues du combat, l’ayant laissé par commandement du Roy pour ne faillir à l’heure de la bataille. J’avoy pris grand pene à le luy dresser, et non sans grande despence, prévoyant la longueur de son voyage, lequel nonobstant dura neuf mois, et à faute de cela, souffrirent luy et les siens de grandes incommoditez. Monsieur de Buhy son frère et luy réduirent Vernon à l’obéissance du Roy, par la confiance que les habitans prirent d’eux, ce qui servit fort à esbranler ceux de Mantes qui receurent le Roy deux jours après. Et à Mantes, le Roy commanda à monsr du Plessis d’entrer en son conseil d’Estat, et à M. le mareschal de Biron[1] de l’y installer, ce qui fut au gré de tous, dont il fit le serment quelques jours après, ce qu’aucun de la Religion n’avoit encores fait. Je ne veux obmettre icy que, du champ de bataille, il me dépescha son valet de chambre nommé Daulay, natif de Buhy, avec un enseigne qui estoit entre nous afin que je le creusse, et le soir m’escrivit sommairement tout le succez. J’envoyay l’original de ses lettres à M. le maréchal de Mastignon, lequel, sur iceluy reconnoissant sa main, en fit faire les réjouissances publiques à Bordeaux, et lesquelles suivirent partout ailleurs.

Peu de jours après la bataille, M. de Villeroy[2],

  1. Armand de Gontaud, premier maréchal de Biron, né en 1524, fut des premiers à reconnaître Henri IV, retint les Suisses sous ses drapeaux et lui rendit les plus signalés services. Il fut tué au siège d’Épernay en 1592.
  2. Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, né en 1542, conserva