Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/215

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chancelier receut une lettre du Roy à Anet par laquelle il estoit contremandé. Quoy voyant, M. du Plessis continua son chemin, accompagnant un régiment de Lansquenetz que le Roy envoyoit au secours de la Bretagne, jusques à ce qu’il l’eust tiré hors des campagnes et mis en lieu de seureté. Ne laissa néantmoins, arrivé qu’il fut à Saumur, de solliciter assiduelment S. M., par lettres et envoy de personnes expresses, de la nécessité de cest Edict. Tousjours S. M. luy faisoit bonnes responces, et lequel maintenant, par la grâce de Dieu, est public du mois d’aoust[1] 1591, après beaucoup de contradictions, (et mesmes n’a pas esté du tout suivy en la mesme sorte que M. du Plessis l’avoit dressé, et qui avoit esté agréée) et Dieu veuille qu’il serve pour le soulagement de son Eglize.

Avoit esté aussy remis sus par M. de Villeroy le traicté de paix avec quelque espérance meilleure, et pensoit on que, pour avoir essayé les Espagnolz, ilz s’en rendroient plus capables. Monsieur du Plessis fut nommé par S. M., avec messieurs le maréchal de Biron et viconte de Turenne, pour ouyr M. de Villeroy, ce qui fut à Buhy, maison de son frère aisné ; là fut trouvé bon des deux partys de traicter de paix ; pour y parvenir, commencer par une tresve ou suspension d’armes qui addoucit les humeurs, et icelle générale afin que tous les subjectz du Roy s’en ressentissent. Et en furent dressés articles ; mais de rechef le duc de Maine déclara à M. de Villeroy qu’il

  1. Cet acte remettait en vigueur l’édit de 1577 acordé par Henri III aux protestants, et le plus favorable qui eût été rendu.