Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/255

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gard à leur nécessité, et finalement avec les six capitaines du bourg, et autres habitans, la plus part de la religion, ausquelz de la part de Sa Majesté, il en asseura l’exercice. Comme de faict, premier que d’y introduire M. le Grand, il tira promesse de luy qu’il ne les troubleroit aucunement en iceluy, luy ayant vivement représenté que le mécontentement de ces gens estoit la ruine inévitable de la place ; mais ce bon acheminement faillit à estre troublé par l’arrivée d’un que le sr de Belesbat avoit envoyé négotier son secours, lequel luy apportoit certitude de 800 Anglois qui y devoyent entrer soubs Roger Wilhems, colonel anglois, plein de valeur et d’un esprit capable de tel effect, et lettres fort favorables, tant à luy qu’à ceux qui l’assistoyent de l’ambassadeur d’Angleterre, plenes de promesses. Toutes lesquelles pièces tombèrent en ses mains parce que le porteur, trouvant le dit sr malade, s’en vint confesser à luy, auquel remonstrant la faute qui se faisoit à l’Estat qu’on affligeoit par ceste nouvelle playe, et à tant de pauvres églizes qu’on mettoit en proye, soubs ce zèle indiscret et mal prétendu de religion, luy fit pleurer son mauvais advis, lequel il lui promist de ne descouvrir jamais à personne qui luy en peust ny voulut nuyre. Or mourut trois jours après le dit sr de Belesbat, plein de douleur, de honte et de regret de ceste acte ; et pour ne luy manquer d’office jusques à la fin, encor que certes il n’en avoit pas tousjours eu occasion, il dépescha le capitaine Picard exprès vers S. M. pour la supplier très-humblement de conserver à la veufve et enfans les bienfaictz que le défunct avoit de S. M., et particulièrement l’abbaye des