Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/26

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sieurs bons propos que journellement Mademoiselle de Buhy, sa femme, luy tenoit touchant les abus de l’Eglize Romaine dont elle avoit dès lors congnoissance, et ne voulut avoir aucun prebstre ny recevoir aucune cérémonie superstitieuse, s’assurant de son salut par le mérite et passion d’un seul, Jésus Christ. Il fut visité, assisté et admonesté en sa maladie de messieurs d’Ambleville et de Villerceaux père et filz, ses proches parens de mesme nom, aussy de maistre Anthoyne Quarré, médecin de Gisors, et de mademoiselle de Buhy, sa femme, qui les envoya tous quérir, d’aultant qu’elle savoit qu’ilz avoient lors congnoissance de la pure doctrine ; et ainsy passa ceste vie pour aller avec les bienheureux la veille Saint-André sur le midy. Son corps fut enterré à Buhy, où il repoze jusqu’au dernier jour. Il ne voulut point tester, disant à mademoiselle de Buhy, sa femme, qu’il luy remettoit ses enfans et sa maison soubs sa conduite, et s’en assuroit en elle. Ainssi, dame Françoise du Bec, sa femme, demeura veufve, aâgée de vingt-neuf ans, ayant esté mariée à seize, et dont elle avoit eu six filz et quattre filles ; il en restoit lors de son décès quattre filz et deux filles, tous fort jeunes. Or, y avoit-il six ou sept ans qu’elle avoit congnoissance des abus de la Papauté, et désir de faire profession de la Religion réformée ; mais les feus qui estoient lors encor allumés en France, et la crainte qu’elle avoit de la ruyne de sa maison la faisoit dissimuler, joint que feu monsieur de Buhy n’en monstroit aucun sentiment ; elle ne laissoit touteffois de lui en parler par occasions, et quelquefois aussi il la trouvoit lisant en la Bible, aux Psalmes ou en quelque autre livre,