Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/265

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ceste occasion pour attaquer Rochefort avec les forces du pays, offrant iceux de fournir vingt mil escus pour les fraiz du siége. A ceste occasion donq il fut d’advis que M. de la Trémouille[1], seigneur de Rochefort, M. de Puycherie, gouverneur d’Angers et luy s’entremissent pour en conférer ; ce qui fust faict à Beaufort où les ditz d’Angers se trouvèrent aussy, et fut conclu entr’eux le dit siége, convenu des moyens de l’entreprendre, du temps de l’investir et de ce que chacun pour sa part y devoit fournir d’hommes, d’artillerie, de munitions. Le tout touteffois soubs le bon plaisir de monseigneur le Prince de Conti[2] et de monsieur le mareschal sans le consentement et commandement desquelz ilz ne vouloient rien commencer. Mais le mareschal qui ne voyoit rien de bien prest pour attaquer Laval et Chasteau Gontier, et pensoit au contraire voir plus clair en cestuy cy qu’il voyoit esbauché, envoya prier monsieur du Plessis de se trouver à Baugey où il vint du Mans pour conférer avec luy. Qui fut cause que monsieur du Plessis prévoyant bien le subject qui l’y menoit, pria monsr de la Trémouille, du faict duquel en partie il s’agissoit, de s’y trouver. Et là leur fut proposé par monsieur le mareschal d’entreprendre tous ensemble le siége de Rochefort. Grandes contentions se passèrent en ceste entrevue. M. le mareschal y prétendoit plus de facilité, allégant que ce qui se pouvoit par les sieurs de la Trémouille, du

  1. M. de la Trémouille était l’un des plus grands seigneurs du parti protestant, et ami particulier de M. du Plessis.
  2. Prince du sang.