Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/268

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ilz ne pouvoient subsister, perdant St Simphorian dès le premier jour et ne pouvans, réduitz au chasteau, que moyenner une composition. Monsieur du Plessis en eut le principal contrecœur, lequel y commandoit l’artillerie et l’exécutoit du tout contre son avis et des capitaines qui estoient avec luy. Le siége donq fut levé après avoir beaucoup coûté au pays, à monsieur du Plessis particulièrement, et dont il n’acquit que ce tesmoignage de tous que mondit sr le mareschal reconnut depuis, et les ennemys ont confirmé, que s’il eust esté creu, le douziesme jour il estoit emporté. Est certain que le doute où aucuns estoient que le Roy n’ordonnast que ceste place estant prise fust baillée à M. de la Trémouille, faisoit qu’on y alloit en retenant. N’est à oublier aussy que Heurtaut, malade à Enceniz, frère de St Offange qui y commandoit, avoit escrit une lettre à son frère pour le faire bien espérer, qui fut déchiffrée, et de ce mesme chiffre luy en fust escrite une autre qui luy désesperoit toutes choses, laquelle luy fust dextrement baillée la nuict par un laquais soy disant envoyé de Heurtant. Le conseil tenu sur icelle, ilz furent esbranléz à se rendre ; le lendemain le faisoient sans un laquais qui se glissa à travers des gardes qui leur apporta une lettre contraire, dont ilz reconnurent le stratagème. En ce siége, monsieur du Plessis me manda de luy envoyer son filz aagé de (treize ans, trois mois[1]), afin que de bonne heure, il y re-

  1. Les deux manuscrits portent : « treze ans trois mois, » vrai détail de mère. On ne sait pourquoi M. Auguis a mis : « près de quatorze ans. »