Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/282

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pour son regard[1], S. M. luy monstra le mesme visage et luy donna le mesme accez à ses affaires, mais particulièrement s’enferma trois heures avec luy seul en sa chambre pour luy discourir par le menu de ce qui s’estoit passé et des causes qui luy avoient meu. La somme estoit qu’il s’estoit trouvé sur le bord d’un tel précipice, par les monopoles des siens propres qu’il particularisoit, qu’il n’avoit peu s’en échapper par là ; que d’ailleurs aussy, il n’avoit pas esté assisté de ceux de la religion comme il eust esté requis, mais que son cœur demeuroit tousjours de mesme envers la Religion et ceux qui en faisoient profession, et qu’il espéroit que Dieu luy feroit miséricorde. Est certain aussy qu’il le trouva imbu d’une opinion qui luy sembloit alléger sa faute, que le différend des religions n’estoit grand que par l’animosité des prescheurs, et qu’un jour par son autorité, il le pourroit composer. Et le discours passa plus avant sur ce point, monsieur du Plessis luy faisant voir par plusieurs raisons qu’on ne pouvoit parvenir à la réunion des religions et extinction du schisme en France que deux choses ne précédassent, l’une que S. M. fust fort absolument establie en son Estat, l’autre que la puissance du Pape ne fust abolie en France et la liberté restituée à l’Eglize Gallicane. La première, parce que sy S. M., n’estant encor affermie, remuoit quelque chose en la doctrine, es mœurs, es biens du clergé, ce ne seroit que rengendrer aux brouillons nouveaux prétextes de troubler. La seconde, parce que les Papes estoient ennemis des Con-

  1. Pour ce qui le regardait.