Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/37

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divers livres, ce qu’il avoit proffité en la langue grecque, luy entra en propos de la religion, car depuis les troubles, ayant esté au Concile de Trente avec le cardinal de Lorraine, il avoit estouffé cette congnoissance qu’auparavant il en avoit eue, et luy dit qu’il ne le vouloit point presser de changer de religion tant qu’il eust plus de jugement et que c’estoit une opinion qui s’en iroit avec l’aâge ; il lui répondit : « Monsieur, sy c’est une opinion, il n’est que de l’oster et l’aracher d’heure ; je suis tout prest d’estre instruict et de vous rendre raison de ma foy » et pour l’heure ne passa oultre. Le lendemain, il luy dit qu’il désiroit qu’il leust les doctes anciens et les lui feit bailler par ung libraire. Puis quelques jours après, luy parla de luy vouloir résigner son evesché, et en attendant l’aâge que présentement il luy résigneroit la prévosté de Verton, pour jouir de laquelle il ne luy faudroit point changer de religion, et n’auroit besoin que de la simple tonsure qu’il avoit déjà. Monsieur du Plessis luy remercya, luy disant qu’il se fioit en Dieu qui ne le lerroit despourvu de ce qui luy seroit besoing, car il craingnoit que, en l’acceptant, ce ne luy feust ung achoppement et une obligation de suivre de là en avant ses conseilz. Or, monsieur de Nantes s’estant retiré en Bretaigne, tous les quinze jours monsieur du Plessis luy escrivoit, et luy remarquoit les passages qu’il avoit leus songneusement dans les anciens docteurs qu’il luy avoit commandé de lire, esquelz il se confirmoit de plus en plus en ce qui estoit de principal en la religion. Ce mesme temps, monsieur de Menneville, puisné de la maison d’Heugueville, estoit à Paris estudiant, et han-