Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/380

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passer par dessus pour pourvoir une fois à nostre famille, qui fut cause aussy que je party le 12e d’octobre pour le suyvre et arrivay près de luy avec nostre famille le 22e, afin que, sans regret et sans interruption, nous peussions mettre fin à noz affaires, pendant que Dieu nous en donnoit le temps, et laisser aux nostres quelque fruict, synon sy grand, au moins asseuré, de nos travaux passez. Car pour la court, la vérité est que monsieur du Plessis n’avoit aucun but ny désir de s’y affermir ; et ont eu grand tort ceux qui par envie et jalouzies luy suscitèrent des desfaveurs, lesquelz l’en pouvoient honnestement renvoier en expédiant ses affaires. Avec nous estoient nos filz et fille de Villarnoul. Arriva aussy tost après nostre filz revenant de Hollande, parce que l’hyver y finissoit la guerre, lequel vit le Roy en secret, et luy rendit conte de ce qui s’y estoit passé, dont S. M. monstra faire bon jugement de luy. Nostre despense à la vérité avec ce train estoit grande, mais plus l’eust elle esté estans distraictz en deux mesnages, et eust esté malaysé, moy demeurant à Saumur, que monsr du Plessis y eust rendu l’assiduité nécessaire, veu mesmes les alarmes que de fois à autre luy pouvoient donner mes maladies ; comme de faict par les chemins, j’en eus des atteintes qui me firent penser à la mort, et quelques mois après tombay malade à plat à Paris, d’un grand flux hépatique qui survint à tous mes autres maux ; dont je doitz, après Dieu, la guérison à M. Marescot, qui, outre[1] la coustume ordinaire, me fit sai-

  1. Contre.