gnol alla trouver ung inquisiteur de Crémone, grand persécuteur, l’ayant descouvert par ung instinct de Dieu, il s’en alla à Plaisance et s’absenta promptement. Il fut aussy en la court de monsieur de Savoye[1], où il fut agréable à madame la duchesse et à plusieurs personnes d’honneur, sans touteffois se manifester beaucoup ; et puis ayant fait ce tour, s’en revint à Venize. En tout ce voyage, il alloit saluer les gens doctes de ville en ville en toutes facultés et professions, et y avoit adresse ; mais surtout essayoit de reconnoître ceux qui se sentoient aucunement de la vérité et se confortoit avec eux. De Venize prit son chemin par Trente, Ysbruck, Lintz, et arriva à Vienne où furent faittes les nopces de l’archiduc Charles avec la fille de Bavière sa nièpce ; de là avec lettres et passeportz nécessaires alla visiter la Hongrie, où il feut très bien receu de tous les gouverneurs, et suivoit tousjours la susditte procédure pour recongnoistre les personnes et lieux notables. Puis continua par la Moravie, Boeme, Misne, Turinge, Hesse, Franconie, etc., tant qu’il revint à la foire de Francfort en septembre, l’an 71, où il se résolut d’aller passer son hiver à Coulongne. En cest hyver, il eut grand accointance avec Petrus Ximenès, grand théologien hespagnol[2], homme modeste et sincère plus en son intention qu’en sa religion, et s’accordoient nonobstant en beaucoup de points particuliers de la doctrine ; mais il se retiroit tousjours comme en ung retranchement sur le point
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