Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/78

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promis qu’ayant receu du bienfait d’elle, il ne me feroit desplaisir. Ma mère vint me voir le soir là dedans qui estoit plus morte que vive et plus transie que moy ; je passay ceste nuit chez ce capitaine mareschal ; ce ne fut que à mesdire des huguenotz et voir apporter le butin que l’on pilloit dans des maisons de la religion ; il me parla fort qu’il failloit aller à la messe. Le mercredy matin, ma mère envoya chez monsieur le président Tambonneau et chez madamoyselle la Lieutenante Morin sa belle-mère qui vivoit encores, s’il n’y auroit point moyen de me sauver là dedans. Sur le midy, je m’y en allay toute seule, et pour ce que je ne savoy pas le chemin, je suivoy ung petit garçon qui alloit devant moy : ils estoient logez au cloistre Nostre Dame, et n’y avoit que mademoyselle la Lieutenante Morin, mère de madame la chancelière de l’Hospital, monsr et madame la Présidente Tambonneau, monsr de Paray leur frère et ung de leurs serviteurs nommé Jacques Minier qui seussent que je fusse là dedans. J’entray secrètement, et me logèrent dans l’estude de monsr le président Tambonneau où je feus tout le mercredy jusques au jeudy la nuit ; mais le jeudy au soir, ils eurent avis que l’on vouloit cercher là dedans monsr de Chaumont Barbezieux qui estoit leur alié, et madame de Belesbat leur sœur, et craignant qu’en cerchant ceux là ilz ne me trouvassent, furent d’avis que je délogeasse, ce que je fis sur le minuit entre le jeudy et le vendredy, et me firent conduire chez ung marchant de bled qui leur estoit serviteur et homme de bien ; je fus là dedans cinq jours, assistée de monsr et madame la Présidente Tambonneau et de