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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/111

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après les autres m’avertir de l’estât où estoit le malade, qui n’estoit pas bien : et le dernier qui me vint asseurer qu’il rendoit les derniers aboys au logis d’un Chirurgien, fit que je me résolus à la fuite. J’avois prié le Lieutenant qui m’avoit fait un bon office de m’en rendre un autre, en allant découvrir au Chasteau ce qui se disoit de cette affaire, et sur tout de visiter l’appartement de mon Maistre, pour voir s’il estoit averty de cet accident, et s’il pourroit obtenir ma grâce. Mais cette mauvaise nouvelle m’osta tout espoir d’en pouvoir apprendre de bonnes. Je crûs qu’il y alloit de ma vie, et qu’il falloit essayer de la sauver en s’éloignant : je partis donc secrètement, et gagnant un bois d’assez grande estendue, je ne m’arrestay point que je n’eusse fait neuf ou dix lieues, et je les fis en si peu d’heures que cela ne sembleroit pas croyable. »


On pourrait s’étonner de cette dénomination médiocre : un bois d’assez grande estendue, appliquée à la Forêt, et aussi de l’expression : gagnant, qui n’indique pas la proximité immédiate ; mais il faut voir là, au contraire, un trait de vérité. La Forêt