Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/133

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Mais, ô de ces beaux lieux l’adorable genie,
Et l’invisible autheur de ma joye infinie,
N’offenceroy-je pas les hommes et les Dieux,
Si ma bouche taisoit ce qui ravit mes yeux ?
Les plaisirs trop secrets ont trop de violence
Et n’ont point d’ennemy pire que le silence ;
Ô charmes, ô thresor de graces, et d’appas,
Vous puis-je posseder et ne m’en vanter pas !

Ne sentait-on pas une lacune, une interruption, entre : Vous voir, vous posseder, c’est mon bien le plus doux (leçon de Colletet) N’est-ce pas vivre… et la brusque description : Après avoir passé… ? Au contraire le motif : ô de ces beaux lieux l’adorable génie, et l’invisible autheur… se rattacherait à celui-ci : Le favorable Dieu qui preside… Et ce génie, cet autheur, ce Dieu, c’est Richelieu, — qui vint à Fontainebleau dans sa litière portée sur les épaules de dix-huit hommes, — si vaste qu’on abattait des pans de muraille devant elle, — mais qui n’y laissa pas d’autres traces.

Mais le plus curieux, c’est que Colletet n’avait point du tout mis : Le favorable Dieu qui preside… et que le Père Dan a probablement cru suppléer par cet artifice à l’absence des huit vers retranchés. Colletet avait écrit :