Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/220

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La raison historique est plus criante encore. Quelles qu’aient été les victoires, toutes intérieures, sur terre et aucune sur mer, du premier Bourbon, elles n’eurent point pour effet de nous rendre en leur intégrité nos frontières maritimes ; car ce résultat était déjà acquis depuis longtemps, depuis la prise de Calais par le duc de Guise, sous le règne de Henri II Nous voici donc revenus à l’époque du Prince des Poëtes. Et il n’est plus étonnant de lire dans Les Sonnets divers de P. de Ronsard, sous la date de 1560, ceci :


AU ROY HENRY II.


 
Quand entre les Césars j’apperçoy ton image.
Descouvrant tout le front de lauriers revestu :
Voyez (ce dis-je alors) combien peut la vertui
Qui fait d’un jeune Roy un César devant l’âge !

Ton peuple en ton pourtrait revere ton visage,
Et la main qui naguere a si bien combatu,
Quand l’Anglois, et par terre et par mer abatu,
A ta France rendit son ancien rivage.

Ce n’est petit honneur que d’estre pourtrait, Sire,
Entre les vieux Césars qui ont régi l’empire,
Comme toy valeureux, magnanimes et justes,

Ce signe te promet, grand Roy victorieux,
Puis que vif on t’esleve au nombre des augustes.
Que mort tu seras mis là haut entre les Dieux.