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en route, qu’on discoure de sujets galants, qu’on chante une chanson dévote Mise nouvellement sur l’air de la gavotte, qu’on lise des romans sous couleur de dire ses heures, qu’on fasse bombance avec les provisions entassées dans les coffres du carrosse. Enfin on est arrivé : on a fait emplette de médailles, de croix, d’agnus-dei, de chapelets ; on a formulé les vœux les plus divers et les plus extravagants. Il faut s’en retourner sous peine de se trouver sans argent, chose fâcheuse si l’on est loin de sa demeure.


Puis le chemin est long pour prendre le plus beau,
Si l’on désire aller à Fontaine-Beleau,
Et de-là voir Paris et Saint-Denis en France,
Où l’on void de nos roys la superbe despence,
Puis Saint-Germain Alez, et tous les autres lieux
Que Ton pourroit nommer la demeure des dieux,
Tant ils sont enrichis de marbre et de peinture,
L’art qu’on y toid dedans surpassant la nature.


Et l’on perd tout le bénéfice du pieux voyage. L’Amour se réveille au retour ;


Ce ne sont que baisers, que ris, que mignardises ;



un chacun se déclare… ; on éprouve le besoin de se rattraper des austérités passées, de bien boire et bien manger, puis, de