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Ces deux Filles qui par leurs voix
Ont charmé la Cour tant de fois,
Sçavoir Mademoizelle Hilaire,
Qui ne sçauroit chanter sans plaire,
Et La Barre, qui plainement
Dompte les cœurs à tout moment,
Par le rare et double avantage
De son chant et de son vizage,
Joüérent si bien leur rolet
Dans la Pièce et dans le Balet,
Remplis d’agréables mélanges,
Que, certainement, leurs voix d’Anges
Furent dans ces contentemens
Un des plus doux ravissemens.

Il ne faut pas qu’on me demande
Si la Compagnie êtoit grande :
Outre un frédon de Majestez,
J’y lorgnay cent et cent Beautez,
Dont les radieuzes prunelles
Eclairoient mieux que les chandelles ;
J’ay tort, il faut dire flambeaux,
Car en des spectacles si beaux
Chez les Reines, chez nôtre Sire,
On n’uze que de blanche cire.

C’est ce que de Fontainebleau
Je puis raconter de nouveau :
Car, pour vaquer à ma Gazette
Le lendemain, je fis retrette,
Et je ne fus, chez un Amy,
Audit lieu, qu’un jour et demy.

Ce qu’illec je sceus d’avantage,
C’est qu’Othon, excélent Ouvrage,
Que Corneille, plein d’un beau feu,
A produit au jour depuis peu,
De sa plume docte et dorée,
Devoit, la suivante soirée,