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Il n’épargnerait peut-être pas ce


SONNET

fait à Fontainebleau, pour Madame d’Auchy,

en 1608.


Beaux et grands bastimens d’eternelle structure,
Superbes de matiere et d’ouvrages divers,
Où le plus digne roy qui soit en l’univers
Aux miracles de l’art fait ceder la nature ;
 
Beau parc et beaux jardins, qui, dans vostre closture,
Avez tousjours des fleurs et des ombrages verts.
Non sans quelque demon qui défend aux hivers
D’en effacer jamais l’agréable peinture ;
 
Lieux qui donnez aux cœurs tant d’aimables desirs,
Bois, fontaines, canaux, si, parmy vos plaisirs,
Mon humeur est chagrine et mon visage triste,

Ce n’est point qu’en effet vous n’ayez des apas ;
Mais, quoy que vous ayez, vous n’avez point Caliste,
Et moy, je ne vois rien quand je ne la vois pas.


S’il faut en croire Guez de Balzac, c’était celui de tous ses sonnets que Malherbe préférait. Il n’était pas, cette fois, extrêmement difficile ! Une certaine bonne volonté est utile pour rien voir que d’assez froid en cette pompeuse description enflée à l’excès sans autre raison que d’aboutir à une fade plainte d’amour et d’amener à une comparaison plate.