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lui fut donné d’accomplir, ou dont il fut, tout au moins, le principal fauteur. Il n’est besoin, pour constater la chose, de s’arrêter aux traductions ou imitations directes : Roland furieux, La Mort de Rodomont, Les Complaintes de Bradamant, Angélique. On ne rencontre pas, dans sa Diane, dans ses Amours d’Hippolyte, dans sa Cleonice, dans ses Diverses Amours, un sonnet sur dix qui ne contienne quelque réminiscence florentine. Cela lui fut reproché, mais il s’en fit bravement un mérite et déclara « qu’il avoit pris aux Italiens plus qu’on ne disoit. » Et il avait raison de s’en vanter, car il introduisait ainsi un rajeunissement dans l’idée, et, dans la langue, une politesse et une fluidité nouvelles ; et ce manque, inapparent, d’originalité ne l’empêche pas d’être l’un des six ou sept meilleurs poètes de la Renaissance, mêlant des grâces antiques à des élégances modernes.


Peu d’années après le Pont d’Avignon — il eut, entre temps, des passes de bonne ou de mauvaise fortune sur lesquelles nous n’avons guère que des données confuses, — Desportes est à la cour, secrétaire particulier du marquis de Villeroy qui était le