Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

eu de l’amour pour vne Peinture. Pour ceux-là, adiouſta Barcé, ie penſe qu’on les peut pluſtoſt mettre au rang de ceux qui n’ont point de raiſon, qu’au rang de ceux qui ont de l’amour. En verité, repliqua Clelie en riant, ie penſe que ie trouuerois moins bizarre de voir vn homme fort amoureux d’vne fort belle Peinture, que de l’eſtre d’vne femme ſans beauté, ſans eſprit, & ſans vertu, cóme il s’en trouue quelques-vns qui le ſont. En mon particulier, repris-ie, ie trouue que la belle Clelie a raiſon : & que la plus grande des folies, eſt d’aimer ce qui n’eſt point aimable. Ie ſuis de voſtre ſentiment, repliqua Horace, mais ſoyez auſſi du mien : & aduoüez que toutes les grandes paſſions, ont vn commencement violent & qu’il n’y a rien qui face plus voir qu’vne amour doit eſtre ardente, & durable, que lors qu’elle naiſt en vn inſtant,