Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/242

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point vne certaine melancolie douce qui naiſt de la tendreſſe d’vn cœur amoureux ; & qui l’occupe quelquesfois plus doucement, que la ioye ne le pourroit faire. Ce ſont, dis-ie encore vne fois, de ces Amans de grand bruit, qui ne font conſiſter toutes les preuues de leur amour, qu’en deſpenſes exceſſiues : & qui ne ſentent rien de toutes les delicateſſes que cette paſſion inſpire. Leur ialouſie meſme eſt plus brutale, que celle des Amans qui ont le cœur tendre : car ils paſſent bien ſouuent de la haine qu’ils ont pour leurs Riuaux, à haïr meſme leur Maiſtreſſe. Où au contraire les Amans dont l’amour eſt meſlée de tendreſſe, peuuent quelquesfois reſpecter ſi fort leurs Maiſtreſſes, qu’ils s’empeſchent de nuire à leurs Riuaux en certaines occaſions, parce qu’ils ne le pourroient faire ſans les irriter. Pour moy, dit Ho-