Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/246

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pres du Prince de Carthage, aduoüaſſent qu’ils ne luy auoient iamais entendu dire de plus agreables choſes, Aronce parut pourtant eſtre aſſez melancolique : & ſa reſverie fut ſi generalement remarquée, qu’Amilcar me demanda ſi ie n’en ſçauois point la cauſe. De ſorte que l’ayant obſerué plus ſoigneuſement, ie pris garde qu’en effet Aronce n’eſtoit pas où il eſtoit : & qu’il auoit quelque choſe dans l’ame qui l’occupoit extrémement. Si bien que dés que nous fuſmes retirez (car nous logions alors enſemble) ie me mis à le preſſer de me dire la cauſe de ſa reſverie. D’abord il voulut me deſguiſer la verité : mais à la fin lors que ie ne ſongeois plus à luy rien demander, parce que ie croyois qu’il ne me vouloit rien dire ; il s’arreſta vis à vis de moy, apres s’eſtre promené quelque temps : & prenant la parole,