Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/346

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lement il loüa Horace de la maniere dont il auoit loüé Clelie, mais il la loüa luy meſme d’vne façon ſi galante, que ſa Proſe valoit bien les Vers de ſon Riual : & ce meſme homme qui depuis quelques iours, auoit reſolu de faire ce qu’il pourroit pour ne l’aimer plus, changea d’auis tout d’vn coup, & ſe reſolut en vn inſtant à l’aimer touſiours ; à ne s’oppoſer plus à ſa paſſion ; & à n’oublier rien de tout ce qui le pourroit faire aimer. De ſorte qu’eſtant deliuré du ſoin de ſe combatre luy meſme, il en eut l’eſprit plus libre ; l’humeur plus enioüee ; & il fut ſi agreable ce ſoir là, qu’il plût infiniment à toute la Compagnie : qui inſenſiblement s’engagea à examiner la raiſon pourquoy la plus part des Belles ſont auares de loüanges, & meſme bien ſouuent fort iniuſtes : car (diſoit Aronce, apres pluſieurs autres choſes)