Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/350

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que ie luy entendis dire vn iour qu’elle auoit les lévres trop incarnates. Qu’eſt-cecy ? (diſois-ie en moy meſme, quand ie l’entendois parler ainſi) ſuis-ie folle, ou ſuis-ie ſage ? ay-ie les yeux bons, ou celle qui parle les a-t’elle mauuais ? mais apres y auoir bien penſé, ie trouuay la cauſe de ſon iniuſtice : car ie ſçeus qu’il y auoit vne Dame qui eſtoit blanche, blonde, qui auoit les yeux doux, la bouche petite, & les lévres incarnates, qui luy auoit oſté vn Amant : de ſorte qu’apres cela, ie ne cherchay plus la cauſe de ſa preocupation. Auſſi quand ie trouue quelqu’vne de ces Belles difficiles, qui ne trouuent rien de beau qu’elles meſmes, i’examine l’intereſt qu’elles peuuent auoir aux blondes & aux brunes en general : & celuy qu’elles peuuent prendre en particulier, à celles dont elles parlent, & à la ſorte de beauté