Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/399

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qui auoient accouſtumé d’auoir beaucoup de ciuilité l’vn pour l’autre, auoient quelque diſpoſition à ſe contredire. Ie m’aſſure Madame, que ce que ie vous dis vous ſurprend : car apres vous auoir dit qu’Horace auoit eu deſſein de s’eſclaircir, ſi Aronce n’eſtoit point ſon Riual, afin de taſcher s’il l’eſtoit de vaincre ſa paſſion ; ie m’aſſure, dis-ie, Madame, que vous eſtes bien eſtónée de voir ce commencement d’aigreur principalemét dans l’eſprit d’Horace. Mais il faut pourtant dire qu’il n’en eſt pas coupable : parce qu’il eſt tellement naturel de ne pouuoir aimer vn Riual, que quelque obligation qu’il euſt à Aronce, il ne pût le regarder comme eſtant le ſien, ſans ſentir dans ſon cœur vne agitation extréme. Aronce de ſon coſté ne doutant plus qu’Horace n’aimaſt Clelie, en eut vne douleur tres ſenſible : & tout raiſonna-