Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/448

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diſcretion. Ha Madame, luy dit Aronce, que ie crains que cette confiance ne m’afflige, & ne m’oblige guere. Ie ne ſçay pas ſi vous ſerez equitable, repliqua-t’elle, mais ie ſçay bien que ie ne ſeray point iniuſte. Si vous me faites iuſtice, reſpondit-il, vous ſouffrirez donc que ie vous aime, & que ie vous le die, & vous vous contenterez que i’aime ſans eſperance. Si les Dieux auoient diſpoſé voſtre fortune & la mienne autrement qu’elles ne ſont, reprit-elle, ie vous aduouë ingenûment, que de tous les hommes que i’ay connus, vous eſtes celuy ſur qui i’aurois le plus ſouhaité que mon Pere euſt tourné les yeux : mais Aronce, les choſes ne ſont pas en ces termes là : car à ne vous rien deſguiſer, ſi vous n’eſtes pas Romain, vous n’auez rien à pretendre à Clelie : & il y a grande apparence que non ſeulement vous n’eſtes pas de