Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/467

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n’auoit pas nommé celuy qui eſtoit bleſſé, il reſolut de le deſcouurir par adreſſe : de ſorte que luy deſguiſant la verité, il luy dit que c’eſtoit Aronce qui eſtoit fort bleſſé, & qu’elle auoit tous les torts du monde d’auoir agy comme elle auoit fait. Clelie entendant ce que luy diſoit Clelius, en eut vne douleur ſi ſenſible, qu’il fut aiſé à ſon Pere de connoiſtre qu’elle euſt mieux aimé qu’il luy euſt dit que c’euſt eſté Horace : elle ne dit pourtant rien qui pûſt le luy faire coniecturer, mais ſes yeux deſcouurirent le ſecret de ſon cœur : & quoy qu’elle euſt aſſez de force pour s’empeſcher de pleurer, Clelius ne laiſſa pas de voir que ſa ſeule prudence retenoit ſes larmes. Si bien que ne cherchant plus à s’eſclaircir ; ç’en eſt aſſez Clelie, luy dit-il, ç’en eſt aſſez : ie connois tout le ſecret de voſtre cœur, & vous allez auoir beaucoup