Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/483

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Ainſi ie ſouffre vn mal d’autant plus grand, que ie ne le trouue pas tout à fait iniuſte : & ie ſuis ſi miſerable, que meſme la douceur que Clelie a pour moy, irrite mon deſeſpoir : car ſi i’eſtois fort mal aupres d’elle, & que i’euſſe perdu toute eſperance d’en eſtre iamais aimé, il me ſemble que ie haïrois moins mon Riual ; que ie murmurerois moins contre Clelius : & que le deſeſpoir me pourroit guerir de la paſſion que i’ay dans l’ame. Mais helas Celere, ie n’en ſuis pas là : car du coſté de Clelius, & d’Horace, ie voy vne impoſſibilité abſoluë à l’accompliſſement de mes deſſeins : & du coſté de Clelie, ie voy qu’elle me veut aſſez de bien pour me rendre plus miſerable, & non pas aſſez pour me rendre heureux. En effet elle obeïroit peut-eſtre ſans repugnance à Clelius, s’il luy commandoit de m’aimer,