Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/513

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uent punir les ingrats. N’allez pas ſi viſte Clelius, luy dit-elle, & prenez garde que les Romains en penſant punir les ingrats, ne s’expoſent à auoir eux meſmes de l’ingratitude : car enfin vous auez ſauué la vie à Aronce, il eſt vray, mais il n’eſtoit qu’vn Enfant : ainſi on peut dire qu’il n’a pas veû de ſes propres yeux, ce que vous auez veû des voſtres, ce qu’il a fait pour vous, lors qu’il a combatu pour vous ſauuer la vie, comme vous me l’auez raconté vous meſme. Ainſi il ne faut pas conter ce qu’il vous doit, ſans conter auſſi ce que vous luy deuez : & il faut enfin que vous me diſiez preciſément pourquoy vous voulez donner Clelie à Horace, qui ne vous a pas ſauué la vie, qui eſt moins honneſte homme qu’Aronce, quoy qu’il le ſoit beaucoup ; & pourquoy vous la refuſez à ce dernier ?