Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/525

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pable de vouloir pluſtoſt donner ſa Fille à Horace, dont il connoiſſoit la naiſſance, que de la donner à vn homme dont il ne ſçauoit pas la veritable condition. Il voyoit bien auſſi qu’il n’auoit pas grand ſuiet de ſe pleindre de ſon Riual : & c’eſt ce qui rendoit ſon malheur plus grand. Mais ce qui le luy rendoit encore plus inſuportable, eſtoit la colere de Clelie : car il craignoit que la haine qu’il penſoit qu’elle auoit alors pour luy, ne diſpoſaſt ſon cœur à aimer Horace, qui eſtoit la choſe du monde qu’il aprehendoit le plus. En effet en l’eſtat où eſtoit alors ſon ame, il n’imaginoit rien de plus doux dans ſa fortune, que de pouuoir penſer que Clelie haïroit ſon Riual en l’eſpouſant. Cependant Clelius, ſuiuant ce qu’il auoit dit à Aronce, fit eſcrire vn Billet à Clelie, où il n’y auoit que ces paroles.