Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/594

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce meſme Enfant qu’on leur auoit confié, & qu’ils auoient perdu par vn naufrage. Cependant Aronce ne les vit pas pluſtoſt que prenant la parole ; apres ce que le plus cher de mes Amis m’a apris, leur dit-il en les abordant, ie ne ſçay ce que ie vous dois dire, parce que ie ne ſçay qui ie ſuis : & ie ne ſçay meſme ſi ie dois ſouhaiter de le ſçauoir. Neantmoins comme l’incertitude où i’ay veſcu eſt la plus cruelle choſe du monde ; dittes moy de grace qui ie ſuis ? quand meſme vous me deuriez aprendre que mon cœur ſeroit plus Grand que ma naiſſance : & ne craignez pas s’il vous plaiſt, de reueler ce ſecret en la preſence de celuy à qui vous auez parlé de moy : car tous mes ſecrets ſont les ſiens, & vous ne me pourriez rien dire en particulier de ce qui me regarde, que ie ne luy diſſe vn moment apres. Puis que cela eſt, dit alors Nicius,