Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/76

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que vous ne deuiez me tenir conte de toute l’amitié que i’ay pour vous : puis qu’il eſt vray qu’apres vous auoir connu, ie ſuis contraint d’auoüer, que quand ie n’aurois iamais aimé Clelie, ie n’aurois pas laiſſé d’aimer infiniment Aronce : de qui le grand merite ne peut eſtre connu ſans faire naiſtre l’amitié dans le cœur de ceux qui le connoiſſent. Il paroiſt bien, Seigneur, par ce que vous dittes, reprit froidement Aronce, que vous ne me connoiſſez pas bien : & ie ſuis perſuadé que quand vous me connoiſtrez mieux, vous changerez de ſentimens pour moy. Mais comme nous ſommes tous en vn eſtat où l’on ne peut ſe donner de grands teſmoignages d’amitié ny de haine, quelques ſentimens qu’on ait dans l’ame, ie penſe qu’il vaut mieux que ie vous laiſſe en repos, & que ie me retire. Et en