Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/96

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i’ay plus d’experience du monde, adiouſta Martia, que tous ceux deuant qui ie parle, parce que ie l’ay veû plus longtemps ; i’ay remarqué cent & cent fois des effets ſi prodigieux de cette inclination aueugle, que ie ne puis douter de ſa force : car i’ay quelquesfois veû des Hommes de grand eſprit, aimer des Femmes qui n’en auoient preſques point, & qui n’auoient meſme guere de beauté : i’ay veû auſſi des Femmes de beaucoup de merite, fauoriſer des Hommes qui eſtoient meſpriſez de tout le monde, & en meſpriſer d’autres qui eſtoient fort dignes d’eſtime : & i’ay meſme connu auec certitude, que i’ay eſté portée à auoir de l’amitié pour quelques perſonnes pluſtoſt que pour d’autres, ſans que i’en puſſe dire la raiſon. En effet ie diſcernois ſi bien, qu’encore qu’elles euſſent du merite, ce n’eſtoit point cela ſeule-