Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/488

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dire ce que l’on ne ſent pas. Helas aimable Plotine, luy dit-il, ſi l’on ne parloit iamais d’amour que lors que l’on en a le cœur tout remply, on n’en parleroit qu’vne fois ou deux en toute ſa vie, car on n’a iamais guere plus de deux violentes paſſions. De ſorte que la conuerſation ſeroit fort languiſſante : puis qu’à n’en mentir pas, quand on eſt long temps auec des Femmes, il faut de neceſſité leur parler ou de l’amour qu’elles vous donnent, ou de celle qu’elles donnent aux autres, ou de celle qu’elles ont donnée, ou de celle qu’elles peuuent donner : car ie ſuis aſſuré que meſme les plus prudes, & les plus ſeueres des Matrones Romaines, quand elles ont eſté ieunes, ſe ſeroient ennuyées auec de fort honneſtes Gens, ſi on ne leur auoit iamais parlé que du Culte des Dieux, des Ceremonies des Veſtales, des Loix du Royau-