Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/531

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n’ayent du moins quelque leger penchant à la melancolie. Mais apres tout, il n’apartient qu’à vne certaine eſpece de melancolie charmante & douce ; de faire naiſtre les violentes & les tendres paſſions dans le cœur d’vne Dame. Quand ie parle d’vne belle melancolique, pourſuiuit-il, il ne faut pas qu’on s’imagine que i’entende parler de ces Femmes qui ont vne humeur ſombre, chagrine, deſagreable, & rude : car ie fais vne grande diſtinction de la triſteſſe à la melancolie. Au contraire, i’entens parler d’vne melancolie douce & charmante, qui n’eſt point ennemie des plaiſirs, & qui n’eſt point incompatible auec tous les diuertiſſemens galans & raiſonnables. I’entens, dis-ie, parler d’vne melancolie qui met de la langueur & de la paſſion dans les regards : qui fait le cœur grand, genereux, tendre, &