Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 02.pdf/708

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parti que vous m’offrez : mais à vous dire la verité, ie ne croy pas que vous ſoyez en eſtat de faire ce que vous dittes. Ie n’y ſuis pas encore, reprit-il, mais ſelon toutes les apparences i’y ſeray bien toſt : car enfin ie ne puis plus trouuer ny plaiſir ny gloire à eſtre aimé de Cyneſie, puis qu’elle a aimé vn homme indigne de ſon affection. I’ay meſme vne imagination dans l’eſprit, adiouſta-t’il, dont ie ne me puis deffaire, qui ſeruira encore à me guerir de la paſſion que i’ay pour Cyneſie : puis qu’à n’en mentir pas, ie ſuis preſques perſuadé qu’vne Femme ne peut auoir d’affection innocente pour vn Amant qui n’eſt pas vn fort honneſte homme. En effet, pourſuiuit Artaxandre, il n’apartient qu’à ceux qui ont de l’eſprit, qui l’ont galant, & bien tourné, de ſe faire mille chemins agreables depuis le premier iour d’vne paſſion naiſſante