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Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 03.pdf/218

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çante ; ieune audacieux, luy dit-il, ne me force point à te perdre en te precipitant dans mes armes, car ie n’aime pas à vaincre ſans gloire. Mais dés que Milon eut prononcé ces paroles, il s’aperçeut qu’il auoit beſoin de ſa force pour vaincre cét ennemy qu’il ne redoutoit pas : car Brutus s’eſlançant ſur luy auec vne legereté incroyable, luy euſt paſſé ſon eſpée au trauers du corps, s’il n’euſt p romptement paré le coup qu’il luy porta auec vn reuers qui fit eſtinceller les deux eſpées, tant le bras de celuy qui le donna eſtoit fort. Cependant comme Milon ſçauoit bien que ſon auantage eſtoit d’en venir aux priſes, il n’oublia rien pour cela. En effet il eſtoit plus grand que l’ordinaire des hommes, il auoit preſque la moitié plus d’âge que Brutus; il s’eſtoit exercé toute ſa vie à la lutte, & à tous les exercices du corps où il faut de