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Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 04.pdf/788

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tenant le meſme Poignard dont ſa chere Lucrece s’eſtoit tuée, il penſa ce qu’on ne ſçauroit s’imaginer, & ce qu’il luy euſt eſté impoſſible de dire luy meſme, tant l’amour, la douleur, la ialouſie, & la rage troubloient ſa raiſon. Il diſoit ſeulement apres pour donner vn grand teſmoignage de l’excés de ſon deſeſpoir, qu’en cette occaſion il ne ſongeoit à la liberté de Rome, que pour vanger la mort de l’innocente Lucrece : & ne ſe ſeruoit de l’intereſt de ſa Patrie, qui luy eſtoit ſi cher, que pour celuy de ſa paſſion. Il ne ſongeoit meſme plus à vanger la mort de ſon Pere & de ſon Frere : & ce funeſte obiet occupoit ſi fort ſon eſprit, que Lucrece eſtoit l’unique cauſe de ce grand & hardy deſſein qu’il auoit. Ce deſſein n’eſtoit pourtant pas auſſi inconſideré qu’il ſembloit l’eſtre : car Brutus, Aronce, Valerius, Herminius, Ze-