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Page:Maeterlinck-L'oiseau bleu-1909.djvu/127

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TYLTYL

C’est bon, tu ne les verras pas, tu fermeras les yeux…

MYTYL, s’accrochant aux vêtements de Tyltyl.

Tyltyl, je ne peux pas !… Non, ce n’est pas possible !… Ils vont sortir de terre !…

TYLTYL

Ne tremble pas ainsi… Ils ne sortiront qu’un moment…

MYTYL

Mais tu trembles aussi, toi !… Ils seront effrayants !…

TYLTYL

Il est temps, l’heure passe…

(Tyltyl tourne le diamant. Une terrifiante minute de silence et d’immobilité ; après quoi, lentement, les croix chancellent, les tertres s’entr’ouvrent, les dalles se soulèvent.)

MYTYL, se blottissant contre Tyltyl.

Ils sortent !… Ils sont là !…

(Alors, de toutes les tombes béantes monte graduellement une floraison d’abord grêle et timide comme une vapeur d’eau, puis blanche et virginale et de plus en plus touffue, de plus en plus haute, surabondante et merveilleuse, qui peu à peu, irrésistiblement, envahissant toutes choses, transforme le cimetière en une sorte de jardin féerique et nuptial, sur lequel ne tardent pas à