Page:Maeterlinck-L'oiseau bleu-1909.djvu/32

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TYLTYL

Papa me le prendra…

LA FÉE

Il ne le verra pas ; personne ne peut le voir tant qu’il est sur ta tête… Veux-tu l’essayer ?… (Elle coiffe Tyltyl du petit chapeau vert.) À présent, tourne le diamant… Un tour et puis après…

(À peine Tyltyl a-t-il tourné le diamant, qu’un changement soudain et prodigieux s’opère en toutes choses. La vieille fée est tout à coup une belle princesse merveilleuse ; les cailloux dont sont bâtis les murs de la cabane s’illuminent, bleuissent comme des saphirs, deviennent transparents, scintillent, éblouissent à l’égal des pierres les plus précieuses. Le pauvre mobilier s’anime et resplendit ; la table de bois blanc s’affirme aussi grave, aussi noble qu’une table de marbre, le cadran de l’horloge cligne de l’œil et sourit avec aménité, tandis que la porte derrière quoi va et vient le balancier s’entr’ouvre et laisse s’échapper les heures, qui, se tenant les mains et riant aux éclats, se mettent à danser aux sons d’une musique délicieuse. Effarement légitime de Tyltyl qui s’écrie en montrant les Heures.)
TYLTYL

Qu’est-ce que c’est que toutes ces belles dames ?…

LA FÉE

N’aie pas peur ; ce sont les heures de ta vie qui sont heureuses d’être libres et visibles un instant…