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Page:Maeterlinck - Berniquel.djvu/11

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TITIA. — Puisque tu y tiens, et pour te faire plaisir, je n’ai pas besoin de t’apprendre qu’un homme n’est vraiment cocu que lorsqu’il ne sait pas qu’il l’est et n’a le droit de se plaindre que lorsque, sa femme le trompe à son insu.

BERNIQUEL, abasourdi. — Il n’est vraiment cocu que lorsqu’il ne sait pas qu’il l’est et n’a le droit de se plaindre que lorsque sa femme le trompe à son insu ?… Qu’est-ce que cela veut dire ?

TITIA. — C’est pourtant clair !… Cela veut dire qu’une femme n’est réellement coupable que lorsque son mari ne sait pas qu’elle a un amant

BERNIQUEL. — Mais je ne savais pas que tu eusses un amant…

TITIA. — Comment !… Tu ne savais pas que j’avais un amant ?…

BERNIQUEL. — Mais non, comment l’aurais-je su ?… Tu ne me l’as jamais dit…

TITIA. — Mais c’est toi qui ne m’as jamais dit que tu ne savais pas…

BERNIQUEL. — Mais on n’a pas l’idée de dire à quelqu’un qu’on sait une chose quand on ne la sait pas… Ah ! écoute, on ne s’y retrouve plus et tu me ferais perdre la tête et dire des bêtises !