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Page:Maeterlinck - Berniquel.djvu/6

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BERNIQUEL. — Titia ! Titia !… Viens donc voir ce que je t’ai rapporté de Bruxelles !… Où est-elle ?… (Il ouvre la porte de la chambre à coucher. On entend des bruits étouffés, de confuses rumeurs d’affolement, puis la voix de Berniquel disant dans la chambre.) Là ! Ça y est !… (Il rentre en scène.) Voilà !… C’est Hector, Hector Dumochel… Au moins, on est fixé… On sait à quoi s’en tenir… J’aime mieux ça. Ça devait arriver !… J’aurais dû m’en douter… (Allant à la porte de la chambre.) Eh bien ! rhabillez-vous… Voyons, dépêchez-vous… Voulez-vous qu’on vous aide ?… Il n’y a rien à craindre… (Redescendant.) Vous voyez, je prends ça très bien… On dirait que j’ai l’habitude, et pourtant c’est la première fois… C’est curieux… C’est moins dur que je ne pensais… Mais je n’aurais pas cru… D’abord elle est moins ardente qu’un thermos ou un ectoplasme… Mais alors, pourquoi l’a-t-elle fait ?… Je veux bien être cocu, mais je voudrais savoir pourquoi… Et puis avec cet imbécile !… Avec Hector, Hector Dumochel !… N’importe qui, tout ce que vous voudrez, mais pas celui-là !… Il n’est pas jeune, il n’est pas riche, il n’est pas beau, en tout cas, il n’est pas mieux que moi… Ce n’était vraiment pas la peine… (Remontant à la porte de la chambre.) Eh bien ! eh bien ? Où en sommes-nous ? Ça va mieux ?… Il ne vous manque rien ?… Voulez-vous un peigne, des épingles doubles ou un tire-bouton ?… Voyons, voyons, je suis très calme, extraordinairement calme, il n’y a rien à craindre, mais nous avons à causer sérieusement.

L’amant sort de la chambre, piteux, achevant de nouer sa cravate, assez peu rassuré, mais ne voulant pas en avoir l’air et portant beau.